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Jacques, en particulier, surnommé le Juste[1] ou « frère du Seigneur », était un des plus exacts observateurs de la Loi qu’il y eût[2]. Selon certaines traditions, fort douteuses, il est vrai, c’était même un ascète, pratiquant toutes les abstinences naziréennes, gardant le célibat[3], ne buvant aucune liqueur enivrante, s’abstenant de chair, ne coupant jamais ses cheveux, s’interdisant les onctions et les bains, ne portant jamais de sandales ni d’habits de laine, vêtu de simple toile[4]. Rien, on le voit, n’était plus contraire à la pensée de Jésus, qui, au moins depuis la mort de Jean-Baptiste, avait déclaré les simagrées de ce genre parfaitement vaines. Les abstinences, déjà en faveur dans certaines branches

  1. Il est possible que ce nom ne lui ait été donné qu’après sa mort, par allusion au verset d’Isaïe, iii, 10, tel que le présentent les Septante, et à son nom d’Obliam. Hégésippe, en effet, indique le rapprochement, et, mettant en connexion intime ses noms de Δίκαιος ; et d’Ὠϐλίας, ajoute ὡς οἱ προφῆται δηλοῦσι περὶ αὐτοῦ.
  2. Jos., Ant., XX, ix, 1.
  3. Ceci semble en contradiction avec I Cor., ix, 5, et montre bien que tout ce portrait conservé par Hégésippe et par saint Épiphane est en partie composé de traits a priori.
  4. Hégésippe, dans Eusèbe, Hist. eccl., II, 23 ; Eusèbe, H. E., II, 1 ; Épiph., hær. lxxviii, 7, 13-14 ; saint Jérôme, De viris ill., 2 ; Comm. in Gal., i, 19 ; Adv. Jovin., I, col. 182 (Martianay) ; Pseudo-Abdias, Hist. apost., VI, 5. Cf. Évangile des Nazaréens, dans saint Jérôme, De viris illustr., 2. On sent dans ces