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source du judaïsme orthodoxe, qui dure encore sans vouloir s’élargir. L’agada se présente comme une chose principalement galiléenne ; la halaka, comme une chose surtout hiérosolymitaine. Jésus, Hillel, les auteurs d’apocalypses et d’apocryphes sont des agadistes, élèves des Prophètes, héritiers de leurs aspirations infinies ; Schammaï, les talmudistes, les juifs postérieurs à la destruction de Jérusalem sont des halakistes, des adhérents de la Loi, avec ses strictes observances. Nous verrons, jusqu’à la crise suprême de l’an 70, le fanatisme de la Loi grandir chaque jour, et, à la veille du grand désastre de la nation, aboutir, par une sorte de réaction contre les doctrines de Paul, à ces « dix-huit mesures » qui rendirent désormais impossible tout commerce entre les juifs et les non-juifs et ouvrirent la triste histoire du judaïsme fermé, haineux et haï, qui fut le judaïsme du moyen âge et est encore le judaïsme de l’Orient.

Il est clair que, pour le christianisme naissant, c’était ici le point d’où dépendait l’avenir[1]. Le judaïsme imposerait-il ou non ses rites particuliers aux foules qui venaient à lui ? Une distinction s’établirait-elle entre le fond monothéiste qui constituait sa

  1. Voir déjà Act., x, 13-15.