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de changer ainsi les anciennes acceptions géographiques et de créer des groupes administratifs arbitraires, analogues à nos départements[1].

Paul avait l’habitude de se servir, pour désigner chaque pays, du nom administratif[2]. Le pays qu’il avait évangélisé depuis Antioche de Pisidie jusqu’à Derbé s’appela pour lui « Galatie » ; les chrétiens de ce pays furent pour lui « les Galates[3] ». Ce nom

  1. Strabon, XII, iv, 6 ; XVII, iii, 25. La même politique est bien sensible dans la Gaule. Mais au-dessous de la province, dont les limites étaient très-variables, se conservaient les divisions antiques du canton et de la cité.
  2. Asie, Macédoine, Achaïe, désignent pour lui les provinces qui portaient ces noms, et non les pays qui les avaient portés d’abord.
  3. Par là on s’explique cette particularité unique de l’Épître aux Galates, qu’elle ne porte pas d’adresse à une Église déterminée. Par là on s’explique aussi une des singularités apparentes de la vie de saint Paul. L’Épître aux Galates suppose que Paul avait fait chez ceux à qui cette lettre est adressée un long séjour, qu’il avait eu avec eux des rapports intimes, au moins autant qu’avec les Corinthiens, les Thessaloniciens. Or les Actes ne font aucune mention de l’évangélisation de la Galatie proprement dite. Dans son second voyage, Paul « traverse le pays galatique » (Act., xvi, 6) ; nous verrons qu’on ne peut supposer à ce moment-là qu’un très-court temps d’arrêt ; il n’est nullement probable que l’évangélisation profonde et suivie que suppose l’Épître aux Galates ait eu lieu dans un aussi rapide voyage. Au contraire, ce qui frappe en la première mission, c’est sa longue durée comparée au peu d’étendue de l’itinéraire et à ce que les résultats auraient de secon-