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tion immédiate d’un dieu. L’effort des apôtres, quand ils prêchaient à des populations de ce genre, était moins de prêcher Jésus que de prêcher Dieu ; leur prédication redevenait purement juive ou plutôt déiste[1]. Les juifs portés au prosélytisme ont toujours senti que ce qui dans leur religion convient à l’universalité des hommes est seulement le fond monothéiste, que tout le reste, institutions mosaïques, idées messianiques, etc., forme comme un second degré de croyances, constituant l’apanage particulier des enfants d’Israël, une sorte d’héritage de famille, qui n’est pas transmissible.

Comme Lystres n’avait que peu ou point de juifs d’origine palestinienne, la vie de l’apôtre y fut longtemps fort tranquille. Une famille de cette ville était le centre et l’école de la plus haute piété. Elle se composait d’une aïeule nommée Loïs, d’une mère nommée Eunice[2] et d’un jeune fils nommé Timothée[3]. Les deux femmes professaient sans doute la religion juive comme prosélytes. Eunice avait été mariée à un païen[4], qui probablement était mort lors de l’arri-

  1. Act., xiv, 15-17.
  2. Ce nom de femme se retrouve à Chypre. V. Pape, s. h. v.
  3. II Tim., i, 5 ; iii, 15. Cette épître est apocryphe, mais il est difficile que les noms des deux femmes soient inventés.
  4. Act., xvi, 1. Voir ci-dessous, p. 68.