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le samedi suivant. Une grande foule de juifs et de prosélytes les suivit au sortir de la synagogue, et, durant toute la semaine, Paul et Barnabé ne cessèrent d’exercer un ministère actif. La population païenne entendit parler de cet incident et sa curiosité en fut excitée.

Le samedi suivant, toute la ville fut réunie à la synagogue ; mais les sentiments du parti orthodoxe étaient bien changés. Il se repentait de la tolérance qu’il avait eue le samedi précédent ; ces foules empressées irritaient les notables ; une dispute, mêlée d’injures, commença. Paul et Barnabé soutinrent bravement l’orage ; cependant ils ne purent parler dans la synagogue. Ils se retirèrent en protestant : « Nous devions commencer par vous prêcher la parole de Dieu, dirent-ils aux juifs. Mais, puisque vous la repoussez, et que vous vous jugez indignes de la vie éternelle, nous allons nous tourner vers les gentils. » À partir de ce moment, en effet[1], Paul se confirma de plus en plus dans l’idée que l’avenir était non pas aux juifs, mais aux gentils ; que la prédication sur ce terrain nouveau porterait de bien meilleurs fruits ; que Dieu l’avait spécialement

  1. Paul lui-même avait conscience d’avoir changé à cet égard. II Cor., v, 16 ; Gal., v, 11 ; Phil., iii, 13 ; Eph., iv, 13-14 ; I Cor., i entier ; iii, 1 ; ix, 20.