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la bassesse[1] ; mais il y avait surtout le sentiment d’une ère nouvelle, d’un bonheur dont on n’avait point joui jusque-là, et qui devait en effet durer des siècles sans aucun nuage. Un homme qui avait peut-être assisté à la conquête de son pays, Denys d’Halicarnasse, écrivait une Histoire romaine pour montrer à ses compatriotes l’excellence du peuple romain, pour leur prouver que ce peuple était de même race qu’eux, et que sa gloire était en partie la leur.

Après l’Égypte et la Cyrénaïque, l’Asie Mineure était le pays où il y avait le plus de juifs. Ils y formaient de puissantes communautés, jalouses de leurs droits, criant facilement à la persécution, ayant la fâcheuse habitude de toujours se plaindre à l’autorité romaine et de recourir à des protections hors de la cité. Ils avaient réussi à se faire octroyer de fortes garanties, et ils étaient en réalité privilégiés à l’égard des autres classes de la population. Non-seulement, en effet, leur culte était libre, mais plusieurs des charges communes, qu’ils prétendaient contraires à leur conscience, ne pesaient pas sur eux. Les Romains leur furent très-favorables en ces pro-

  1. Perrot, Exploration de la Gal., p. 31-32, 124. Le Bas, nos 1021, 1033, 1034 a, 1039, 1042, 1044, 1137, 1205, 1219, 1227, 1245, 1253, 1254.