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tômes[1] ; ils s’imaginaient être entourés de miracles ; ils ne participaient en rien à la science positive du temps. Cette science existait chez quelques centaines d’hommes, uniquement répandus dans les pays où la culture grecque avait pénétré. Mais le vulgaire, dans tous les pays, y participait très peu. La Palestine était, à cet égard, un des pays les plus arriérés ; les Galiléens étaient les plus ignorants des Palestiniens, et les disciples de Jésus pouvaient compter entre les gens les plus simples de la Galilée. C’était cette simplicité même qui leur avait valu leur céleste élection. Dans un tel monde, la croyance aux faits merveilleux trouvait les facilités les plus extraordinaires pour se répandre. Une fois l’opinion de la résurrection de Jésus ébruitée, de nombreuses visions devaient se produire. Elles se produisirent en effet.

Dans la journée même du dimanche, à une heure avancée de la matinée, où déjà les récits des femmes avaient circulé, deux disciples, dont l’un se nommait Cléopatros ou Cléopas, entreprirent un petit voyage à un bourg nommé Emmaüs[2], situé à une faible distance de Jérusalem[3]. Ils causaient entre eux

  1. Matth., xiv, 26 ; Marc, vi, 49 ; Luc, xxiv, 37 ; Jean, iv, 19.
  2. Marc, xvi, 12-13 ; Luc, xxiv, 13-33.
  3. Comparez Josèphe, B. J., VII, vi, 6. Luc met ce village à soixante stades et Josèphe à trente stades de Jérusalem. Ἑξήκοντα,