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constances anecdotiques ajoutées par le premier Évangile au fond commun de la tradition sont sans valeur, surtout quand il s’agit des derniers jours de la vie de Jésus[1]. Le même Évangile mentionne un autre détail qui, vu le silence des autres, n’a aucune probabilité : c’est le fait des scellés et d’une garde mise au tombeau[2]. — Rappelons aussi que les caveaux funéraires étaient des chambres basses, taillées dans un roc incliné, où l’on avait pratiqué une coupe verticale. La porte, d’ordinaire en contre-bas, était fermée par une pierre très lourde, qui s’engageait dans une feuillure[3]. Ces chambres n’avaient pas de serrure fermant à clef ; la pesanteur de la pierre était la seule garantie qu’on eût contre les voleurs ou les profanateurs de tombeaux ; aussi s’arrangeait-on de telle sorte qu’il fallût pour la remuer ou une machine ou l’effort réuni de plusieurs personnes. — Toutes les traditions sont d’accord sur ce point que la pierre avait été mise à l’orifice du caveau le vendredi soir.

Or, quand Marie de Magdala arriva, le dimanche

  1. Voir Vie de Jésus, p. xxxviii.
  2. L’Évangile des hébreux renfermait peut-être quelque circonstance analogue (dans saint Jérôme, De viris illustribus, 2).
  3. M. de Vogüé, les Églises de la terre sainte, p. 125-126. Le verbe ἀποκυλίω (Matth., xxviii, 2 ; Marc, xvi, 3, 4 ; Luc, xxiv, 2) prouve bien que telle était la disposition du tombeau de Jésus.