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La journée qui suivit l’ensevelissement de Jésus (samedi, 15 de nisan) fut remplie par ces pensées. On s’interdit toute œuvre des mains à cause du sabbat. Mais jamais repos ne fut plus fécond. La conscience chrétienne n’eut, ce jour-là, qu’un objet, le maître déposé au tombeau. Les femmes surtout le couvrirent en esprit de leurs plus tendres caresses. Leur pensée n’abandonne pas un instant ce doux ami, couché dans sa myrrhe, que les méchants ont tué ! Ah ! sans doute, les anges l’entourent, et se voilent la face en son linceul. Il disait bien qu’il mourrait, que sa mort serait le salut du pécheur, et qu’il revivrait dans le royaume de son Père. Oui, il revivra ; Dieu ne laissera pas son fils en proie aux enfers ; il ne permettra pas que son élu voie la corruption[1]. Qu’est-ce que cette pierre du tombeau qui pèse sur lui ? Il la soulèvera ; il remontera à la droite de son Père, d’où il est descendu. Et nous le verrons encore ; nous entendrons sa voix charmante ; nous jouirons de nouveau de ses entretiens, et c’est en vain qu’ils l’auront tué.

La croyance à l’immortalité de l’âme, qui, par l’influence de la philosophie grecque, est devenue un dogme du christianisme, permet de prendre faci-

  1. Ps. xvi, 10. Le sens de l’original est un peu différent. Mais c’est ainsi que les versions reçues traduisaient le passage.