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circoncire[1], c’est par égard pour « des faux frères intrus ». Paul leur fait cette concession passagère ; mais il ne se soumet pas à eux. Quant aux hommes importants (Paul ne parle d’eux qu’avec une nuance d’aigreur et d’ironie), ils ne lui ont rien appris de nouveau. Bien plus, Céphas étant venu plus tard à Antioche, Paul « lui résiste en face, parce qu’il a tort ». D’abord, en effet, Céphas mangeait avec tous indistinctement. Arrivent des émissaires de Jacques ; Pierre se cache, évite les incirconcis. « Voyant qu’il ne marchait pas dans la droite voie de la vérité de l’Évangile, » Paul apostrophe Céphas devant tout le monde et lui reproche amèrement sa conduite.

On voit la différence. D’une part, une solennelle concorde ; de l’autre, des colères mal retenues, des susceptibilités extrêmes. D’un côté, une sorte de concile ; de l’autre, rien qui y ressemble. D’un côté, un décret formel porté par une autorité reconnue ; de l’autre, des opinions diverses qui restent en présence, sans se rien céder réciproquement, si ce n’est pour la forme. Inutile de dire quelle est la version qui mérite la préférence. Le récit des Actes est à peine vraisemblable, puisque, d’après ce récit, le concile

  1. Nous établirons plus tard que c’est là le vrai sens. En tout cas, le doute sur la question de savoir si Tite fut ou ne fut pas circoncis importe peu au raisonnement que nous poursuivons ici.