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qui se mêlent à leur enseignement ne seront pas un obstacle à leur succès ; le nombre de ceux qui ne croient pas au surnaturel, au miracle, est très-faible. S’ils sont humbles et pauvres, c’est tant mieux. L’humanité, au point où elle est, ne peut être sauvée que par un effort venant du peuple. Les anciennes religions païennes ne sont pas réformables ; l’État romain est ce que sera toujours l’État, roide, sec, juste et dur. Dans ce monde qui périt faute d’amour, l’avenir appartient à celui qui touchera la source vive de la piété populaire. Le libéralisme grec, la vieille gravité romaine sont pour cela tout à fait impuissants.

La fondation du christianisme est, à ce point de vue, l’œuvre la plus grande qu’aient jamais faite des hommes du peuple. Très-vite sans doute, des hommes et des femmes de la haute noblesse romaine s’affilièrent à l’Église. Dès la fin du premier siècle, Flavius Clemens et Flavie Domitille nous montrent le christianisme pénétrant presque dans le palais des Césars[1]. À partir des premiers Antonins, il y a des gens riches dans la communauté. Vers la fin du

  1. Voir de Rossi, Bullettino di archeol. cristiana, 3e année, no 3, 5, 6, 12. Le fait de Pomponia Græcina (Tac, Ann., XIII, 32), sous Néron, est déjà caractéristique ; mais il n’est pas sûr qu’elle fût chrétienne.