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d’une charité réciproque et sous le bonheur de se trouver ensemble. Pierre énonce l’avis qu’on s’attendrait à trouver dans la bouche de Paul, à savoir que les païens convertis ne sont pas assujettis à la loi de Moïse. Jacques n’apporte à cet avis qu’une très-légère restriction[1]. Paul ne parle pas, et, à vrai dire, il n’a pas besoin de parler, puisque sa doctrine est mise ici dans la bouche de Pierre. L’avis des frères de Judée n’est soutenu par personne. Un décret solennel est porté conformément à l’avis de Jacques. Ce décret est signifié aux Églises par des députés choisis exprès.

Comparons maintenant le récit de Paul dans l’épître aux Galates. Paul veut que le voyage qu’il fit cette fois-là à Jérusalem ait été l’effet d’un mouvement spontané et même le résultat d’une révélation. Arrivé à Jérusalem, il communique son Évangile à qui de droit ; il a en particulier des entrevues avec ceux qui paraissent être des personnages considérables. On ne lui fait pas une seule critique ; on ne lui communique rien ; on ne lui demande que de se souvenir des pauvres de Jérusalem. Si Tite qui l’a accompagné consent à se laisser

  1. La citation d’Amos (xv, 16-17), faite par Jacques conformément à la version grecque et en désaccord avec l’hébreu, montre bien, du reste, que ce discours est une fiction de l’auteur.