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un persécuteur religieux au profil du culte latin[1]. Il ne paraît pas avoir cédé à ces conseils funestes. Josèphe, suspect d’exagération en ceci, veut même qu’il ait fait des dons de vases sacrés au temple de Jérusalem[2].

Ce fut Tibère qui le premier posa le principe de la religion d’État avec netteté, et prit des précautions sérieuses contre la propagande juive et orientale[3]. Il faut se rappeler que l’empereur était « grand pontife », et qu’en protégeant le vieux culte romain, il semblait accomplir un devoir de sa charge. Caligula retira les édits de Tibère[4] ; mais sa folie ne permettait rien de suivi. Claude paraît avoir imité la politique d’Auguste. À Rome, il fortifia le culte latin, se montra préoccupé des progrès que faisaient les religions étrangères[5], usa de rigueur contre les juifs[6], et poursuivit avec acharnement les confréries[7]. En

  1. Dion Cassius, LII, 36.
  2. Jos., B. J., V, xiii, 6. Comp. Suétone, Aug., 93.
  3. Suétone, Tib., 36 ; Tac., Ann., II, 85 ; Jos., Ant., XVIII, iii, 4, 5 ; Philon, In Flaccum, § 1 ; Leg. ad Caium, § 24 ; Sénèque, Epist., cviii, 22. L’assertion de Tertullien (Apolog., 5), reproduite par d’autres écrivains ecclésiastiques, sur l’intention qu’aurait eue Tibère de mettre Jésus-Christ au rang des dieux, ne mérite pas d’être discutée.
  4. Dion Cassius, LX, 6.
  5. Tacite, Ann., XI, 15.
  6. Dion Cassius, LX, 6 ; Suétone, Claude, 25 ; Act., xviii, 2.
  7. Dion Cassius, LX, 6.