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Cette tentative ne se produisit pas encore au temps des Césars. Les premiers philosophes qui essayèrent une espèce d’alliance entre la philosophie et le paganisme, Euphrate de Tyr, Apollonius de Tyane et Plutarque, sont de la fin du siècle. Euphrate de Tyr nous est mal connu. La légende a tellement recouvert la trame de la biographie véritable d’Apollonius, qu’on ne sait s’il faut le compter parmi les sages, parmi les fondateurs religieux ou parmi les charlatans. Quant à Plutarque, c’est moins un penseur, un novateur, qu’un esprit modéré qui veut mettre tout le monde d’accord en rendant la philosophie timide et la religion à moitié raisonnable. Il n’y a rien chez lui de Porphyre ni de Julien. Les essais d’exégèse allégorique des stoïciens[1] sont bien faibles. Les mystères, comme ceux de Bacchus, où l’on enseignait l’immortalité de l’âme sous de gracieux symboles[2], étaient bornés à certains pays et n’avaient pas d’influence étendue. L’incrédulité à la religion officielle était générale dans la classe éclairée[3]. Les hommes poli-

  1. Héraclide, Cornutus. Comp. Cic., De natura deorum, III, 23-25, 60, 62-64.
  2. Plutarque, Consolatio ad uxorem, 10 ; De sera numinis vindicta, 22 ; Heuzey, Mission de Macédoine, p. 128 ; Revue archéologique, avril 1864, p. 282.
  3. Lucrèce, I, 63 et suiv. ; Salluste, Catil., 52 ; Cic., De nat.