Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/407

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui était inhumain[1], séditieux ou injurieux pour les autres[2]. Elle avait étendu sur tous une sorte de vernis officiel, qui les amenait à se ressembler et les fondait tant bien que mal ensemble. Malheureusement, ces vieux cultes, d’origine fort diverse, avaient un trait commun : c’était une égale impossibilité d’arriver à un enseignement théologique, à une morale appliquée, à une prédication édifiante, à un ministère pastoral vraiment fructueux pour le peuple. Le temple païen n’était nullement ce que furent à leur belle époque la synagogue et l’église, je veux dire maison commune, école, hôtellerie, hospice, abri où le pauvre va chercher un asile[3]. C’était une froide cella, où l’on n’entrait guère, où l’on n’apprenait rien. Le culte romain était peut-être le moins mauvais de ceux qu’on pratiquait encore. La pureté de cœur et de corps y était considérée comme faisant partie de la religion[4]. Par sa gravité, sa décence, son austérité, ce culte, à part quelques farces analogues à notre carnaval, était supérieur aux cérémonies bizarres et prêtant au ridicule que les personnes atteintes des manies orientales in-

  1. Suétone, Claude, 25.
  2. Josèphe, Ant., XIX, v, 3.
  3. Bereschith rabba, ch. lxv, fol. 65 b ; du Cange, au mot matricularius.
  4. Cicéron, De legibus, II, 8 ; Vopiscus, Aurélien, 19.