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sur les affaires un très-grand ascendant. La femme musulmane de nos jours, mégère criarde, sottement fanatique, n’existant guère que pour le mal, presque incapable de vertu, ne doit pas faire oublier les Julia Domna, les Julia Mæsa, les Julia Mamaæ, les Julia Soémie, qui portèrent à Rome, en fait de religion, une tolérance et des instincts de mysticité inconnus jusque-là. Ce qu’il y a de bien remarquable aussi, c’est que la dynastie syrienne amenée de la sorte se montra favorable au christianisme, que Mamée, et plus tard l’empereur Philippe l’Arabe[1], passèrent pour chrétiens. Le christianisme, au iiie et au ive siècle, fut par excellence la religion de la Syrie. Après la Palestine, la Syrie eut la plus grande part à sa fondation.

C’est surtout à Rome que le Syrien, au premier siècle, exerçait sa pénétrante activité. Chargé de presque tous les petits métiers, valet de place, commissionnaire, porteur de litière, le Syrus[2] entrait partout, introduisant avec lui la langue et les mœurs de son pays[3]. Il n’avait ni la fierté ni la hauteur philoso-

  1. Né dans le Hauran.
  2. Voir Forcellini, au mot Syrus. Ce mot désignait en général « les Orientaux ». Leblant, Inscript. Chrét. de la Gaule, I, p. 207, 328-329.
  3. Juvénal, iii, 62-63.