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leur patrie ou même leur propre maison, pour voir s’ils n’y trouveront pas la confirmation de ce qu’il dit. La présence à Rome et près de l’empereur de plusieurs membres de la famille des Hérodes, lesquels pratiquaient leur culte avec éclat à la face de tous[1], contribuait beaucoup à cette publicité. Le sabbat, du reste, s’imposait par une sorte de nécessité dans les quartiers où il y avait des juifs. Leur obstination absolue à ne pas ouvrir leurs boutiques ce jour-là forçait bien les voisins à modifier leurs habitudes en conséquence. C’est ainsi qu’à Salonique, on peut dire que le sabbat s’observe encore de nos jours, la population juive y étant assez riche et assez nombreuse pour faire la loi et régler par la fermeture de ses comptoirs le jour du repos.

Presque à l’égal du Juif, souvent de compagnie avec lui, le Syrien était un actif instrument de la conquête de l’Occident par l’Orient[2]. On les confondait parfois, et Cicéron croyait avoir trouvé le trait commun qui les unissait en les appelant « des nations nées pour la servitude[3] ». C’était là ce qui

  1. Perse, v, 179-184 ; Juvénal, vi, 157-160. La remarquable préoccupation du judaïsme qu’on remarque chez les écrivains romains du premier siècle, surtout chez les satiriques, vient de cette circonstance.
  2. Juvénal, Sat., iii, 62 et suiv.
  3. Cic, De prov. consul., 5