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Transtévère[1], sortant le matin avec son éventaire de merceries, rentrait souvent le soir, riche d’aumônes venues d’une main pieuse[2]. Les femmes surtout étaient attirées vers ces missionnaires en haillons[3]. Juvénal[4] compte le penchant vers la religion juive parmi les vices qu’il reproche aux dames de son temps. Celles qui étaient converties vantaient le trésor qu’elles avaient trouvé et le bonheur dont elles jouissaient[5]. Le vieil esprit hellénique et romain résistait énergiquement ; le mépris et la haine pour les juifs sont le signe de tous les esprits cultivés, Cicéron, Horace, Sénèque, Juvénal, Tacite, Quintilien, Suétone[6]. Au contraire, cette masse énorme de populations mêlées que l’Empire avait assujetties, populations auxquelles l’ancien esprit romain et la sagesse hellénique étaient étrangères ou indifférentes, accouraient en foule vers une société où elles trouvaient des exemples touchants de concorde, de charité,

  1. Martial, Épigr., I, 42 ; XII, 57.
  2. Juvénal, Sat., vi, 546 et suiv.
  3. Josèphe, Ant., XVIII, iii, 5 ; XX, ii, 4 ; B. J., II, xx, 2 ; Act., xiii, 50 ; xvi, 14.
  4. Loc. cit.
  5. Josèphe. Ant., XX, ii. 5 ; iv, 1.
  6. Passages déjà cités. Strabon montre bien plus de justesse et de pénétration (XVI, ii, 34 et suiv.) Comp. Dion Cassius. XXXVII, 17 et suiv.