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leur aversion pour certains aliments, leur saleté, leur manque de distinction, la mauvaise odeur qu’ils exhalaient[1], leurs scrupules religieux, leurs minuties dans l’observance du sabbat, étaient trouvés ridicules[2]. Mis au ban de la société, les juifs, par une conséquence naturelle, n’avaient aucun souci de paraître gentilshommes. On les rencontrait partout en voyage avec des habits luisants de saleté, un air gauche, une mine fatiguée, un teint pâle, de gros yeux malades[3], une expression béate, faisant bande à part avec leurs femmes, leurs enfants, leurs paquets de couvertures, le panier qui constituait tout leur mobilier[4]. Dans les villes, ils exerçaient les trafics les plus chétifs, mendiants[5], chiffonniers, brocanteurs, vendeurs d’allumettes[6]. On dépréciait injustement

    104 ; Diodore de Sicile et Philostrate, endroits cités ; Rutilius Numatianus, I, 383 et suiv.

  1. Martial, IV, 4 ; Ammien Marcellin, XXII, 5.
  2. Suétone, Aug., 76 ; Horace, Sat., I, ix, 69 et suiv. ; Juvénal, iii, 13-16, 296 ; vi, 156-160, 542-547 ; xiv, 96-107 ; Martial, Épigr., IV, 4 ; VII, 29, 34, 54 ; XI, 95 ; XII, 57 ; Rutilius Numat., l. c., et surtout Josèphe, Contre Apion, II, 13 ; Philon, Leg. ad Caium, § 26-28.
  3. Martial, Épigr., XII, 57.
  4. Juvénal, Sat., iii, 14 ; vi, 542.
  5. Juvénal, Sat., iii, 296 ; vi, 543 et suiv. ; Martial, Épigr., I, 42 ; XII, 57.
  6. Martial, Epigr., I, 42 ; XII, 57 ; Stace, Silves, I, vi, 73-74. Voir Forcellini, au mot sulphuratum.