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autour d’eux partout où ils ont été nombreux et organisés, se manifestait avec force[1]. Quand ils étaient libres, ils étaient en réalité privilégiés ; car ils jouissaient des avantages de la société, sans en supporter les charges[2]. Des charlatans exploitaient le mouvement de curiosité que causait leur culte, et, sous prétexte d’en exposer les secrets, se livraient à toutes sortes de friponneries[3]. Des pamphlets violents et à demi burlesques, comme celui d’Apion, pamphlets où les écrivains profanes ont trop souvent puisé leurs renseignements[4], circulaient, servant d’aliment aux colères du public païen. Les juifs semblent avoir été en général taquins, portés à se plaindre. On voyait en eux une société secrète, malveillante pour le reste des hommes, dont les membres se poussaient à tout prix, au détriment des autres[5]. Leurs usages bizarres,

  1. Philon, In Flacc., § 5 ; Tac, Hist., V, 4, 5, 8 ; Dion Cassius. XLIX, 22 ; Juvénal, xiv, 103 ; Diod. Sic, fragm. i du livre XXXIV et iii du livre XL ; Philostrate, Vie d’Apoll., V, 33 ; I Thess., ii, 15.
  2. Jos., Ant., XIV, x ; XVI, vi ; XX, viii, 7 ; Philon, In Flaccum et Legatio ad Caium.
  3. Jos., Ant., XVIII, iii, 4, 5 ; Juvénal, vi, 543 et suiv.
  4. Jos. Contre Apion, entier ; passages précités de Tacite et de Diodore de Sicile ; Trogue Pompée (Justin) XXXVI, ii ; Ptolémée Héphestion ou Chennus, dans les Script. poet. hist. græci de Westermann, p. 194. Cf. Quintilien, III, vii, 2.
  5. Cic., Pro Flacco, 28 ; Tacite, Hist., V, 5 ; Juvénal, xiv, 103-