Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/351

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette entreprise susciterait, et était-il bien aise d’y mêler un homme qu’on savait être le bras droit de Pierre, c’est-à-dire de celui des apôtres qui avait dans les affaires générales le plus d’autorité.

Cette entreprise n’était pas moins qu’une série de grandes missions qui devaient partir d’Antioche, ayant pour programme avoué la conversion du monde entier. Comme toutes les grandes résolutions qui se prenaient dans l’Église, celle-ci fut attribuée à une inspiration du Saint-Esprit. On crut à une vocation spéciale, à un choix surnaturel, qu’on supposa avoir été communiqué à l’Église d’Antioche pendant qu’elle jeûnait et priait. Peut-être l’un des prophètes de l’Église, Menahem ou Lucius, dans un de ses accès de glossolalie, prononça-t-il des paroles d’où l’on conclut que Paul et Barnabé étaient prédestinés à cette mission[1]. Quant à Paul, il était convaincu que Dieu l’avait choisi dès le ventre de sa mère pour l’œuvre à laquelle il allait désormais se dévouer tout entier[2].

Les deux apôtres s’adjoignirent, à titre de subordonné, pour les seconder dans les soucis matériels de leur entreprise, ce Jean-Marc que Barnabé avait

  1. Act., xiii, 2.
  2. Gal., i, 15-16 ; Act., xxii, 15, 21 ; xxvi, 17-18 ; I Cor., i, 1 ; Rom., i, 1, 5 ; xv, 15 et suiv.