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qui le porta vers le christianisme. On était si préoccupé de son nom, qu’on croyait le lire à tort et à travers sur des cippes où il n’était pas écrit[1]. Le symbolisme dont il avait revêtu ses idées fut interprété de la façon la plus grotesque. L’« Hélène » qu’il identifiait avec « la première intelligence », devint une fille publique qu’il avait achetée sur le marché de Tyr[2]. Son nom enfin, haï presque à l’égal de celui de Judas, et pris comme synonyme d’antiapôtre[3], devint la dernière injure et comme un mot proverbial pour

  1. L’inscription SIMONI·DEO·SANCTO, rapportée par Justin (Apol. I, 26), comme se trouvant dans l’île du Tibre, et mentionnée après lui par d’autres Pères de l’Église, était une inscription latine au dieu sabin Semo Sancus, SEMONI·DEO·SANCO. On trouva en effet, sous Grégoire XIII, dans l’île Saint-Barthélemy, une inscription, maintenant au Vatican, et qui portait cette dédicace. V. Baronius, Ann. eccl., ad annum 44 ; Orelli, Inscr. lat., no 1860. Il y avait à cet endroit de l’île du Tibre un collège de bidentales en l’honneur de Semo Sancus, renfermant plusieurs inscriptions du même genre. Orelli, no 1861 (Mommsen, Inscr. lat. regni Neapol., no 6770). Comp. Orelli, no 1859, Henzen, no 6999 ; Mabillon, Museum Ital., I, 1re part., p. 84. Le no 1862 d’Orelli ne doit pas être pris en considération (voir Corp. inscr. lat., I, no 542).
  2. Ce grossier malentendu n’aurait pu être levé sans la découverte des Philosophumena, qui seuls donnent des extraits textuels de l’Apophasis magna (voir VI, i, 19). Tyr était célèbre par ses courtisanes.
  3. Ἐχθρὸς ἄνθρωρος, ἀντικείμενος. Voir Homil. pseudo-clem., hom. xvii, entière.