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sa vogue une doctrine formée de lambeaux recueillis çà et là ? voilà ce qu’on ignorera probablement toujours. Simon garde ainsi devant l’histoire la position la plus fausse ; il marcha sur une corde tendue où nulle hésitation n’est permise ; en cet ordre, il n’y a pas de milieu entre une chute ridicule et le plus merveilleux succès.

Nous aurons encore à nous occuper de Simon et à rechercher si les légendes sur son séjour à Rome renferment quelque réalité. Ce qu’il y a de certain, c’est que la secte simonienne dura jusqu’au iiie siècle[1]; qu’elle eut des Églises jusqu’à Antioche, peut-être même à Rome ; que Ménandre de Capharétée et Cléobius[2] continuèrent la doctrine de Simon, ou plutôt imitèrent son rôle de théurge, avec un souvenir plus ou moins présent de Jésus et de ses apôtres. Simon et ses disciples furent en grande estime chez leurs coreligionnaires. Des sectes du même genre, parallèles au christianisme[3], et plus ou moins empreintes de gnosticisme, ne cessèrent de se pro-

  1. Philosophum., VI, i, 20. Cf. Orig., Contra Cels., I, 57 ; VI, 11.
  2. Hégésippe, dans Eusèbe, Hist. eccl., IV, 22 ; Clém. d’Alex., Strom., VII, 17 ; Constit. apost., VI, 8, 16 ; XVIII, 1 et suiv. ; Justin, Apol. I, 26, 56 ; Irénée, Adv. hær., I, xxiii, 5 ; Philosoph., VII, 28 ; Épiph., Adv. hær., xxii et xxiii, init. ; Théodoret, Hær. fab., I, 1, 2 ; Tertullien, De præscr., 46 ; De anima, 50.
  3. La plus célèbre est celle de Dosithée.