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relative ; qu’elle est, ou peu s’en faut, à la doctrine de Simon ce que le quatrième Évangile est à la pensée de Jésus ; qu’elle remonte aux premières années du iie siècle, c’est-à-dire à l’époque où les idées théosophiques du Logos prirent définitivement le dessus. Ces idées, que nous trouverons en germe dans l’Église chrétienne vers l’an 60[1], purent cependant avoir été connues de Simon, dont il est permis de prolonger la carrière jusqu’à la fin du siècle.

L’idée que nous nous faisons de ce personnage énigmatique est donc celle d’une espèce de plagiaire du christianisme. La contrefaçon semble une habitude constante chez les Samaritains[2]. De même qu’ils avaient toujours imité le judaïsme de Jérusalem, ces sectaires eurent aussi leur copie du christianisme, leur gnose, leurs spéculations théosophiques, leur cabbale. Mais Simon fut-il un imitateur respectable et à qui il n’a manqué que de réussir, ou un prestidigitateur immoral et sans sérieux[3], exploitant au profit de

  1. Voir l’épître, très-probablement authentique, de saint Paul aux Colossiens, i, 15 et suiv.
  2. Épiph., Adv. hær., hær. lxxx, 1
  3. Ce qui ferait incliner vers cette seconde hypothèse, c’est que la secte de Simon se changea vite en une école de prestiges, une fabrique de philtres et d’incantations. Philosophumena, VI, i, 20 ; Tertullien, De anima, 57.