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une doctrine, dont il nous est difficile de juger, l’ouvrage intitulé la Grande Exposition, qui lui est attribué et qui nous est arrivé par extraits, n’étant probablement qu’une expression fort modifiée de ses idées[1]. Simon, pendant son séjour à Alexandrie[2], paraît avoir puisé dans ses études de philosophie grecque un système de théosophie syncrétique et d’exégèse allégorique analogue à celui de Philon. Ce système a sa grandeur. Tantôt il rappelle la cabbale juive, tantôt les théories panthéistes de la philosophie indienne ; envisagé par certains côtés, il semblerait empreint de bouddhisme et de parsisme[3]. En tête de toutes choses est « Celui qui est, qui a été et qui sera[4] »,

  1. On ne peut le tenir pour une composition totalement apocryphe, vu l’accord qui existe entre le système énoncé dans ce livre et le peu que nous apprennent les Actes de la doctrine de Simon sur les « puissances divines ».
  2. Homil. pseudo-clem., ii, 22, 24.
  3. Justin, Apol. I, 26, 56 ; II, 15 ; Dial. cum Tryphone, 120 ; Irénée, Adv. hær., I, xxiii, 2-5 ; xxvii, 4 ; II, præf. ; III, præf. ; Homiliæ pseudo-clementinæ, i, 15 ; ii, 22, 25, etc. ; Recogn., I, 72 ; II, 7 et suiv. ; III, 47 ; Philosophumena, IV, vii ; VI, i ; X, iv ; Épiphane, Adv. hær., hær xxi ; Origène, Contra Celsum, V, 62 ; VI, 11 ; Tertullien, De anima, 34 ; Constit. apost., VI, 16 ; S. Jérôme, In Matth., XXIV, 5 ; Théodoret, Hæret. fab., I, 1. C’est dans les extraits textuels que donnent les Philosophumena, et non dans les travestissements des autres Pères de l’Église, qu’il faut prendre une idée de la Grande Exposition.
  4. Philosophum., IV, vii ; VI, i, 9, 12, 13, 17, 18. Comparez Apocalypse, i, 4, 8 ; iv, 8 ; xi, 17.