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diverses troupes mêlées de magiciens et de voleurs, qui portaient ouvertement le peuple à se révolter contre les Romains, menaçant de mort ceux qui continueraient à leur obéir. Sous ce prétexte, ils tuaient les riches, pillaient leurs biens, brûlaient les villages, et remplissaient toute la Judée des marques de leur fureur[1]. Une effroyable guerre s’annonçait. Un esprit de vertige régnait partout, et maintenait les imaginations dans un état voisin de la folie.

Il n’est pas impossible qu’il y ait eu chez Theudas une certaine arrière-pensée d’imitation à l’égard de Jésus et de Jean-Baptiste. Cette imitation, au moins, se trahit avec évidence dans Simon de Gitton, si les traditions chrétiennes sur ce personnage méritent quelque foi[2]. Nous l’avons déjà rencontré en rapport avec les apôtres, à propos de la première mission de Philippe à Samarie. C’est sous le règne de Claude qu’il parvint à la célébrité[3]. Ses miracles passaient pour constants, et tout le monde à Samarie le regardait comme un personnage surnaturel[4].

Ses miracles, toutefois, n’étaient pas l’unique fondement de sa réputation. Il y joignait, ce semble,

  1. Jos., Ant., XX, viii, 6 ; B. J., II, xiii, 6.
  2. Voir ci-dessus, p. 153, note.
  3. Justin, Apol. I, 26, 56. Il est singulier que Josèphe, si bien au courant des choses samaritaines, ne parle pas de lui.
  4. Act., viii, 9 et suiv.