Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/322

Cette page a été validée par deux contributeurs.

demander merci. Ces fêtes déplaisaient beaucoup aux Juifs, et parce qu’elles avaient lieu dans la ville impure de Césarée, et parce qu’elles se donnaient dans le théâtre. Déjà, une fois, le roi ayant quitté Jérusalem dans des circonstances semblables, un certain rabbi Siméon avait proposé de le déclarer étranger au judaïsme et de l’exclure du temple. Le roi avait poussé la condescendance jusqu’à placer le rabbi à côté de lui au théâtre, pour lui prouver qu’il ne s’y passait rien de contraire à la Loi[1]. Croyant avoir ainsi satisfait les rigoristes, Hérode Agrippa se laissa aller à son goût pour les pompes profanes. Le second jour de la fête, il entra de très-bon matin au théâtre, revêtu d’une tunique en étoffe d’argent, d’un éclat merveilleux. L’effet de cette tunique resplendissante aux rayons du soleil levant fut extraordinaire. Les Phéniciens qui entouraient le roi lui prodiguèrent des adulations empreintes de paganisme. « C’est un dieu, disaient-ils, et non un homme. » Le roi ne témoigna pas son indignation et ne blâma pas cette parole. Il mourut cinq jours après. Juifs et chrétiens crurent qu’il avait été frappé pour n’avoir pas repoussé avec horreur une flatterie blasphématoire. La tradition chrétienne voulut qu’il fût mort

  1. Jos., Ant., XIX, vii, 4.