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L’espèce de féodalité qui, depuis la mort de Tibère, tendait à s’établir en Syrie et dans les contrées voisines[1], était, en effet, un arrêt dans la politique impériale, et n’avait guère que de mauvais résultats. Les « rois » venant à Rome étaient des personnages, et y exerçaient une détestable influence. La corruption et l’abaissement du peuple, surtout sous Caligula, vinrent en grande partie du spectacle que donnaient ces misérables, qu’on voyait successivement traîner leur pourpre au théâtre, au palais du césar, dans les prisons[2], En ce qui concerne les Juifs, nous avons vu[3] que l’autonomie signifiait l’intolérance. Le souverain pontificat ne sortait par instants de la famille de Hanan que pour entrer dans celle de Boëthus, non moins altière et cruelle. Un souverain jaloux de plaire aux Juifs ne pouvait manquer de leur accorder ce qu’ils aimaient le mieux, c’est-à-dire des sévérités contre tout ce qui s’écartait de la rigoureuse orthodoxie[4].

Hérode Agrippa, en effet, devint sur la fin de son

  1. Jos., Ant., XIX, viii, 1.
  2. Suétone, Caius, 22, 26, 35 ; Dion Cassius, LIX, 24 ; LX, 8 ; Tacite, Ann., XI, 8. Comme type de ce rôle des petits rois d’Orient, étudier la carrière d’Hérode Agrippa Ier dans Josèphe (Ant., XVIII et XIX). Comp. Horace, Sat., I, vii.
  3. Ci-dessus, p. 143-144, 174-175, 191-192.
  4. Act., xii, 3.