Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tir, les anciens de Jérusalem eurent l’idée de recourir aux frères des Églises plus riches de Syrie. Une ambassade de prophètes hiérosolymites vint à Antioche[1]. L’un d’eux, nommé Agab, qui passait pour avoir un haut degré de clairvoyance, se vit tout à coup saisi de l’Esprit, et annonça le fléau qui allait sévir. Les fidèles d’Antioche furent fort touchés des maux qui menaçaient la mère Église, dont ils se regardaient encore comme tributaires. Ils firent une collecte, à laquelle chacun contribua selon son pouvoir. Barnabé fut chargé d’aller en porter le produit aux frères de Judée[2]. Jérusalem restera encore longtemps la capitale du christianisme. Les choses uniques y sont centralisées ; il n’y a d’apôtres que là[3]. Mais un grand pas est fait. Durant plusieurs années, il n’y a eu qu’une Église complètement organisée, celle de Jérusalem, centre absolu de la foi, d’où toute vie émane, où toute vie reflue. Il n’en est plus ainsi maintenant. Antioche est une

  1. Act., xi, 27 et suiv.
  2. Le livre des Actes (xi, 30 ; xii, 25, met Paul de ce voyage. Mais Paul déclare qu’entre son premier séjour de deux semaines et son voyage pour l’affaire de la circoncision, il n’alla pas à Jérusalem (Gal., ii, 1. en tenant compte de l’argumentation générale de Paul à cet endroit). Voir ci-dessus, Introd., p. xxxii-xxxiii.
  3. Gal., i, 17-19.