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tanes qui bordent l’Oronte, inspirent la gaieté, quelque chose du parfum suave dont s’enivrèrent ces beaux génies de Jean Chrysostome, de Libanius, de Julien. Sur la rive droite du fleuve s’étend une vaste plaine, bornée d’un côté par l’Amanus et les monts bizarrement découpés de la Piérie, de l’autre par les plateaux de la Cyrrhestique[1] derrière lesquels on sent le dangereux voisinage de l’Arabe et du désert. La vallée de l’Oronte, qui s’ouvre à l’ouest, met ce bassin intérieur en communication avec la mer, ou pour mieux dire avec le vaste monde au sein duquel la Méditerranée a constitué de tout temps une sorte de route neutre et de lien fédéral.

Parmi les colonies diverses que les ordonnances libérales des Séleucides attirèrent dans la capitale de la Syrie, celle des juifs était une des plus nombreuses[2] ; elle datait de Séleucus Nicator et possédait les mêmes droits que les Grecs[3]. Bien que les juifs eussent un ethnarque particulier, leurs rapports avec les païens étaient très-fréquents. Ici, comme à Alexandrie, ces rapports dégénéraient souvent en

  1. Le lac Ak-Deniz, qui forme de ce côté la limite actuelle du territoire d’Antakieh, n’existait pas, à ce qu’il semble, dans l’antiquité. V. Ritter, Erdkunde, XVII, p. 1149, 1613 et suiv.
  2. Josèphe, Ant., XII, iii, 1 ; XIV, xii, 6 ; B. J., II, xviii, 5 ; VII, iii, 2-4.
  3. Josèphe, Contre Appion, II, 4 ; B. J., VII, iii, 3-4 ; v, 2.