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eaux[1]. L’enceinte, gravissant des rochers à pic par un vrai tour de force d’architecture militaire[2], embrassait le sommet des monts, et formait avec les rochers, à une hauteur énorme, une couronne dentelée d’un merveilleux effet. Cette disposition de remparts, unissant les avantages des anciennes acropoles à ceux des grandes villes fermées, fut en général préférée par les lieutenants d’Alexandre, comme on le voit à Séleucie de Piérie, à Éphèse, à Smyrne, à Thessalonique. Il en résultait de surprenantes perspectives. Antioche avait, au dedans de ses murs, des montagnes de sept cents pieds de haut, des rochers à pic, des torrents, des précipices, des ravins profonds, des cascades, des grottes inaccessibles ; au milieu de tout cela, des jardins délicieux[3]. Un épais fourré de myrtes, de buis fleuri, de lauriers, de plantes toujours vertes et du vert le plus tendre, des rochers tapissés d’œillets, de jacinthes, de cyclamens, donnent à ces hauteurs sauvages l’aspect de parterres suspendus. La variété des fleurs, la fraîcheur du gazon, composé d’une multitude inouïe de petites graminées, la beauté des pla-

  1. Libanius, Antiochicus, p. 354 et suiv.
  2. L’enceinte actuelle, qui est du temps de Justinien, présente les mêmes particularités.
  3. Libanius, Antioch., p. 337, 338, 339.