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Tour à tour serviles et ingrats, lâches et insolents, les Antiochéniens étaient le modèle accompli de ces foules vouées au césarisme, sans patrie, sans nationalité, sans honneur de famille, sans nom à garder. Le grand Corso qui traversait la ville était comme un théâtre, où roulaient tout le jour les flots d’une populace futile, légère, changeante, émeutière[1], parfois spirituelle[2], occupée de chansons, de parodies, de plaisanteries, d’impertinences de toute espèce[3]. La ville était fort lettrée[4], mais d’une pure littérature de rhéteurs[5]. Les spectacles étaient étranges ; il y eut des jeux où l’on vit des chœurs de jeunes filles nues prendre part à tous les exercices avec un simple bandeau[6] ; à la célèbre fête de Maïouma, des troupes de courtisanes nageaient en public dans des bassins[7]

    à Basile de Séleucie, publiés par P. Pantinus (Anvers, 1608), p. 70.

  1. Philostr., Apoll., III, 58 ; Ausone, Clar. Urb., 2 ; J. Capitolin, Verus, 7 ; Marc-Aur., 25 ; Hérodien, II, 10 ; Jean d’Antioche, dans les Excerpta Valesiana, p. 844 ; Suidas, au mot Ἰοϐιανός.
  2. Julien, Misopogon, p. 344, 365, etc. ; Eunape, Vies des Soph., p. 496, édit. Boissonade (Didot) ; Ammien Marcellin, XXII, 14.
  3. Jean Chrys., De Lazaro, ii, 11 (t. I, p. 722-723).
  4. Cic., Pro Archia, 3, en tenant compte de l’exagération ordinaire à l’avocat.
  5. Philostrate, Vie d’Apollonius, III, 58.
  6. Malala, p. 287-289.
  7. Jean Chrysost., Homil. vii in Matth., 5, 6 (t. VII, p. 113). Voir O. Müller, Antiquit. Antioch., p. 33, note.