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faisait la foi nouvelle l’exaspéraient, et, ayant appris qu’un groupe de fidèles s’était formé à Damas, il demanda au grand prêtre Théophile, fils de Hanan[1], des lettres pour la synagogue de cette ville, qui lui conférassent le pouvoir d’arrêter les personnes mal pensantes, et de les amener garrottées à Jérusalem[2].

Le désarroi de l’autorité romaine en Judée, depuis la mort de Tibère, explique ces vexations arbitraires. On était sous l’insensé Caligula. L’administration se détraquait de toutes parts. Le fanatisme avait gagné tout ce que le pouvoir civil avait perdu. Après le renvoi de Pilate et les concessions faites aux indigènes par Lucius Vitellius, on eut pour principe de laisser le pays se gouverner selon ses lois. Mille tyrannies locales profitèrent de la faiblesse d’un pouvoir devenu insouciant. Damas, d’ailleurs, venait de passer entre les mains du roi nabatéen Hartat ou Hâreth, dont la capitale était à Pétra[3]. Ce prince, puissant et brave, après avoir battu Hérode Antipas et tenu tête aux forces romaines commandées par le légat impérial Lucius Vitellius, avait été merveilleusement servi par la fortune. La nouvelle de la mort de Tibère (16 mars 37)

  1. Grand prêtre de 37 à 42. Jos., Ant.,. XVIII, v, 3 : XIX, vi, 2.
  2. Act., ix, 1-2, 14 : xxii, 5 ; xxvi, 12.
  3. Voir Revue numismatique, nouv. série, t. III (1858), p. 296 et suiv., 362 et suiv. ; Revue archéol., avril 1864, p. 284 et suiv.