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simple païen pieux, comme le centurion Cornélius, qui figurera bientôt en cette histoire. Il est impossible, en tout cas, de supposer qu’il fût complètement initié au judaïsme[1]. On n’entendit plus, passé cela, parler de l’eunuque. Mais Philippe raconta l’incident, et plus tard on y attacha de l’importance. Quand la question de l’admission des païens dans l’Église chrétienne devint l’affaire capitale, on trouva ici un précédent fort grave. Philippe était censé avoir agi en toute cette affaire par inspiration divine[2]. Ce baptême, donné par ordre de l’Esprit-Saint à un homme à peine juif, notoirement incirconcis, qui ne croyait au christianisme que depuis quelques heures, eut une haute valeur dogmatique. Ce fut un argument pour ceux qui pensaient que les portes de l’Église nouvelle devaient être ouvertes à tous[3].

Philippe, après cette aventure, se rendit à Aschdod

  1. Voir Deutér., xxiii, 1. Il est vrai que εὐνοῦχος peut se prendre par catachrèse pour désigner un chambellan ou fonctionnaire de cour orientale. Mais δυνάστης suffisait à rendre cette idée ; εὐνοῦχος doit donc être pris ici au sens propre.
  2. Act., viii, 26, 29.
  3. Conclure de là que toute cette histoire a été inventée par l’auteur des Actes nous paraît téméraire. L’auteur des Actes insiste avec complaisance sur les faits qui appuient ses opinions ; mais nous ne croyons pas qu’il introduise dans son récit des faits purement symboliques ou imaginés à dessein. Voir l’Introd., p. xxxviii-xxxix.