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bouche[1]. » Le voyageur le crut, et, à la première eau qu’on rencontra : « Voilà de l’eau, dit-il ; est-ce que je ne pourrais pas être baptisé ? » On fit arrêter le char ; Philippe et le voyageur descendirent dans l’eau, et ce dernier fut baptisé.

Or, le voyageur était un puissant personnage. C’était un eunuque de la candace d’Éthiopie, son ministre des finances et le gardien de ses trésors, lequel était venu adorer à Jérusalem, et s’en retournait maintenant à Napata[2] par la route d’Égypte. Candace ou candaoce était le titre de la royauté féminine d’Éthiopie, vers le temps où nous sommes[3]. Le judaïsme avait dès lors pénétré en Nubie et en Abyssinie[4] ; beaucoup d’indigènes s’étaient convertis, ou du moins comptaient parmi ces prosélytes qui, sans être circoncis, adoraient le Dieu unique[5]. L’eunuque était peut-être de cette dernière classe, un

  1. Isaïe, liii, 7.
  2. Aujourd’hui Mérawi, près du Gébel-Barkal (Lepsius, Denkmaeler, I, pl. 1 et 2 bis). Strabon, XVII, i, 54.
  3. Strabon, XVII, i, 54 ; Pline, VI, xxxv, 8 ; Dion Cassius, LIV, 5 ; Eusèbe, H. E., II, 1.
  4. Les descendants de ces juifs existent encore sous le nom de Falâsyân. Les missionnaires qui les convertirent venaient d’Égypte. Leur version de la Bible a été faite sur la version grecque. Les Falâsyân ne sont pas Israélites de sang.
  5. Jean, xii, 20 ; Act., x, 2.