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sorte de contrefaçon samaritaine de l’œuvre de Jésus. Simon avait-il déjà commencé à dogmatiser et à faire des prodiges quand Philippe arriva à Sébaste ? Entra-t-il dès lors en rapport avec l’Église chrétienne ? L’anecdote qui a fait de lui le père de toute « simonie » a-t-elle quelque réalité ? Faut-il admettre que le monde vit un jour en face l’un de l’autre deux thaumaturges, dont l’un était un charlatan, et dont l’autre était la « pierre » qui a servi de base à la foi de l’humanité ? Un sorcier a-t-il pu balancer les destinées du christianisme ? Voilà ce que nous ignorons, faute de documents ; car le récit des Actes est ici de faible autorité, et, dès le premier siècle, Simon devint pour l’Église chrétienne un sujet de légendes. Dans l’histoire, l’idée générale seule est pure. Il serait injuste de s’arrêter à ce qu’a de choquant cette triste page des origines chrétiennes. Pour les auditoires grossiers, le miracle prouve la doctrine ; pour nous, la doctrine fait oublier le miracle. Quand une croyance a consolé et amélioré l’humanité, elle est excusable d’avoir employé des preuves proportionnées à la faiblesse du public auquel elle s’adressait. Mais, quand on a prouvé l’erreur par l’erreur, quelle excuse alléguer ? Ce n’est pas une condamnation que nous entendons prononcer contre Simon de Gitton. Nous aurons à nous expliquer plus