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la ruine de la communauté, devinrent des évangélistes excellents. Ils furent l’élément actif et jeune de la secte, en opposition avec l’élément un peu lourd constitué par les apôtres et les « hébreux ». Une seule circonstance, celle de la langue, aurait suffi pour créer à ces derniers une infériorité sous le rapport de la prédication. Ils parlaient, au moins comme langue habituelle, un dialecte dont les Juifs mêmes ne se servaient pas à quelques lieues de Jérusalem. Ce fut aux hellénistes qu’échut tout l’honneur de la grande conquête dont le récit va être maintenant notre principal objet.

Le théâtre de la première de ces missions, qui devaient bientôt embrasser tout le bassin de la Méditerranée, fut la région voisine de Jérusalem, dans un cercle de deux ou trois journées. Le diacre Philippe[1] fut le

  1. Act., viii, 5 et suiv. Que ce ne soit pas l’apôtre, cela résulte des passages Act., viii, 1, 5, 12, 14, 40 ; xxi, 8, comparés entre eux. Il est vrai que le verset Act., xxi, 9, comparé à ce que disent Papias (dans Eusèbe, H. E., III, 39), Polycrate (ibid., V, 24), Clément d’Alexandrie (Strom., III, 6), ferait identifier l’apôtre Philippe, dont parlent ces trois écrivains ecclésiastiques, avec le Philippe qui joue un rôle important dans les Actes. Mais il est plus naturel d’admettre que le verset en question renferme une méprise et a été interpolé que de contredire la tradition des Églises d’Asie et d’Hiérapolis même, où le Philippe qui eut des filles prophétesses, se retira. Les données particulières que possède l’auteur du quatrième Évangile (écrit, ce semble, en Asie Mineure) sur l’apôtre Philippe se trouvent ainsi expliquées.