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cipaux membres du collège apostolique, furent mis en prison et condamnés à la flagellation. C’était le châtiment qu’on infligeait aux hérétiques[1]. L’autorisation des Romains n’était pas nécessaire pour l’appliquer. Comme on le pense bien, ces brutalités ne faisaient qu’exciter l’ardeur des apôtres. Ils sortirent du sanhédrin, où ils venaient de subir la flagellation, pleins de joie d’avoir été jugés dignes de subir un affront pour celui qu’ils aimaient[2]. Éternelle puérilité des répressions pénales, appliquées aux choses de l’âme ! Ils passaient sans doute pour des hommes d’ordre, pour des modèles de prudence et de sagesse, les étourdis qui crurent sérieusement, l’an 36, avoir raison du christianisme au moyen de quelques coups de fouet.

Ces violences venaient surtout des sadducéens[3], c’est-à-dire du haut clergé qui entourait le temple et en tirait d’immenses profits[4]. On ne voit pas que les pharisiens aient déployé contre la secte l’animosité qu’ils montrèrent contre Jésus. Les nouveaux croyants étaient des gens pieux, rigides, assez analogues par leur genre de vie aux pharisiens eux-mêmes.

  1. Voir Vie de Jésus, p. 137.
  2. Act., v, 41.
  3. Ibid., iv, 5-6 ; v, 17. Comp. Jac., ii, 6.
  4. Γένος ἀρχιερατικόν, dans les Actes, l. c. ; ἀρχιερεῖς, dans Josèphe, Ant., XX, viii, 8.