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n’était pas le même, les malentendus étaient inévitables. Il était difficile que les Juifs de race n’eussent pas un peu de dédain à l’égard de leurs coreligionnaires moins nobles. En effet, des murmures ne tardèrent pas à se faire entendre. Les « hellénistes », qui devenaient chaque jour plus nombreux, se plaignaient que leurs veuves fussent moins bien traitées dans les distributions que celles des « hébreux »[1]. Jusque-là, les apôtres avaient présidé aux soins de l’économat. Mais, en présence de telles réclamations, ils sentirent la nécessité de déléguer cette partie de leurs pouvoirs. Ils proposèrent à la communauté de confier les soins administratifs à sept hommes sages et considérés. La proposition fut acceptée. On procéda à l’élection. Les sept élus furent Stéphanus ou Étienne, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas. Ce dernier était d’Antioche ; c’était un simple prosélyte, Étienne était peut-être de la même condition[2]. Il semble qu’à l’inverse de ce qui s’était pratiqué dans l’élection de l’apôtre Matthia, on s’imposa de choisir les sept administrateurs, non dans le groupe des disciples primitifs, mais parmi les nouveaux convertis et surtout parmi les hellénistes. Tous, en effet, portent des noms pure-

  1. Act., vi, 1 et suiv.
  2. Voir ci-dessus, p. 108.