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du royaume de Dieu. Quelques personnes mariées vinrent même au-devant de cet arrangement ; des précautions furent prises pour que les associés apportassent réellement tout leur avoir, et ne gardassent rien en dehors du fonds commun[1]. En effet, comme chacun recevait non en proportion de la mise qu’il avait faite, mais en proportion de ses besoins[2], toute réserve de propriété était bien un vol fait à la communauté. On voit la ressemblance surprenante de tels essais d’organisation du prolétariat avec certaines utopies qui se sont produites à une époque peu éloignée de nous. Mais une différence profonde venait de ce que le communisme chrétien avait une base religieuse, tandis que le socialisme moderne n’en a pas. Il est clair qu’une association où le dividende est en raison des besoins de chacun, et non en raison du capital apporté, ne peut reposer que sur un sentiment d’abnégation très-exalté et sur une foi ardente en un idéal religieux.

Dans une telle constitution sociale, les difficultés administratives devaient être fort nombreuses, quel que fut le degré de fraternité qui régnât. Entre les deux fractions de la communauté, dont l’idiome

  1. Act., v, 1 et suiv.
  2. Ibid., ii, 45 ; iv, 35.