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proposition paraît indubitable. En beaucoup d’endroits, à partir du verset 10 du chapitre xvi, l’auteur des Actes se sert, dans le récit, du pronom « nous, » indiquant ainsi que, pour lors, il faisait partie de la troupe apostolique qui entourait Paul. Cela semble démonstratif. Une seule issue, en effet, se présente pour échapper à la force d’un tel argument, c’est de supposer que les passages où se trouve le pronom « nous » ont été copiés par le dernier rédacteur des Actes dans un écrit antérieur, dans des mémoires originaux d’un disciple de Paul, par exemple de Timothée, et que le rédacteur, par inadvertance, aurait oublié de substituer à « nous » le nom du narrateur. Cette explication est bien peu admissible. On comprendrait tout au plus une telle négligence dans une compilation grossière. Mais le troisième Évangile et les Actes forment un ouvrage très-bien rédigé, composé avec réflexion et même avec art, écrit d’une même main et d’après un plan suivi[1]. Les deux livres réunis font un ensemble absolument du même style, présentant les mêmes locutions favorites et la même façon de citer l’Écriture. Une faute de rédaction aussi choquante que celle dont il s’agit serait inexplicable. On est donc invinciblement porté à conclure

  1. Luc, i, 1-4 ; Act., i, 1.