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chrétienne, crut en opérer[1]. On tenait pour certain que Jésus en avait fait. Il était naturel que la série de ces manifestations divines se continuât. En effet, la thaumaturgie est un privilège des apôtres jusqu’à la fin du premier siècle[2]. Les miracles des apôtres sont de même nature que ceux de Jésus, et consistent surtout, mais non pas exclusivement, en guérisons de maladies et en exorcismes de possédés[3]. On prétendait que leur ombre seule suffisait pour opérer des cures merveilleuses[4]. Ces prodiges étaient tenus pour des dons réguliers du Saint-Esprit, et appréciés au même titre que le don de science, de prédication, de prophétie[5]. Au iiie siècle, l’Église croyait encore posséder les mêmes privilèges, et exercer comme une sorte de droit permanent le pouvoir de guérir les malades, de chasser les démons, de prédire l’avenir[6].

  1. Rom., xv, 19 ; II Cor., xii, 12 ; I Thess., i, 5.
  2. Act., v, 12-16. Les Actes sont pleins de miracles. Celui d’Eutyque (Act., xx, 7-12) est sûrement raconté par un témoin oculaire. De même pour Act., xxviii. Comp. Papias, dans Eusèbe, H. E., III, 39.
  3. Les exorcismes juifs et chrétiens furent regardés comme les plus efficaces, même par les païens. Damascius, Vie d’Isidore, 56.
  4. Act., v, 15.
  5. I Cor., xii, 9 et suiv., 28 et suiv. ; Constit. apost., VIII, i.
  6. Irénée, Adv. hær., II, xxxii, 4 ; V, vi, 1 ; Tertullien, Apol., 23, 43 ; Ad Scapulam, 2 ; De corona, 11 ; De spectaculis, 24, De anima, 57 ; Constit. apost., chapitre cité, lequel paraît tiré de l’ouvrage de saint Hippolyte sur les Charismata.