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Un des phénomènes les plus remarquables de la nouvelle religion fut la réapparition du prophétisme. Depuis longtemps, on ne parlait plus guère de prophètes en Israël. Ce genre particulier d’inspiration sembla renaître dans la petite secte. L’Église primitive eut plusieurs prophètes et prophétesses[1], analogues à ceux de l’Ancien Testament. Les psalmistes reparurent aussi. Le modèle des psaumes chrétiens nous est sans doute offert par les cantiques que Luc aime à semer dans son Évangile[2], et qui sont calqués sur les cantiques de l’Ancien Testament. Ces psaumes, ces prophéties sont dénués d’originalité sous le rapport de la forme ; mais un admirable esprit de douceur et de piété les anime et les pénètre. C’est comme un écho affaibli des dernières productions de la lyre sacrée d’Israël. Le livre des Psaumes fut en quelque sorte le calice de fleur où l’abeille chrétienne butina son premier suc. Le Pentateuque, au contraire, était, à ce qu’il semble, peu lu et peu médité ; on y substituait des allégories à la façon des midraschim juifs, où tout le sens historique des livres était supprimé.

Le chant dont on accompagnait les hymnes nou-

  1. Act., xi, 27 et suiv. ; xiii, 1 ; xv, 32 ; xxi, 9, 10 et suiv. ; I Cor., xii, 28 et suiv. ; xiv, 29-37 ; Eph., iii, 5 ; iv, 11 ; Apocal., i, 3 ; xvi, 6 ; xviii, 20, 24 ; xxii, 9.
  2. Luc, i, 46 et suiv., 68 et suiv. ; ii, 29 et suiv.