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l’âme alors est tout à fait libre et dégagée, cette idée, dis-je, n’était nullement arrêtée chez les premiers chrétiens. Le plus souvent, il semble que l’homme pour eux n’existait pas sans corps. Cette conception dura longtemps, et ne céda que quand la doctrine de l’immortalité de l’âme, au sens de la philosophie grecque, eut fait son entrée dans l’Église, et se fut combinée tant bien que mal avec le dogme chrétien de la résurrection et du renouvellement universel. À l’heure où nous sommes, la croyance à la résurrection régnait à peu près seule[1]. Le rite des funérailles était sans doute le rite juif. On n’y attachait nulle importance ; aucune inscription n’indiquait le nom du mort. La grande résurrection était proche ; le corps du fidèle n’avait à faire dans le rocher qu’un bien court séjour. On ne tint pas beaucoup à se mettre d’accord sur la question de savoir si la résurrection serait universelle, c’est-à-dire embrasserait les bons et les méchants, ou si elle s’appliquerait aux seuls élus[2].

  1. Paul, endroits précités, et Phil., iii, 11 ; Apoc., xx entier ; Papias, dans Eusèbe, H. E., III, 39. On voit poindre parfois la croyance contraire, surtout dans Luc (Évang., xvi, 22 et suiv. ; xxiii, 43, 46). Mais c’est là une autorité faible sur un point de théologie juive. Voir ci-dessus, Introd., p. xviii-xix. Les esséniens avaient déjà adopté le dogme grec de l’immortalité de l’âme.
  2. Comparez Act., xxiv, 15, à I Thess., iv, 13 et suiv. ; Phil., iii, 11. Cf. Apoc, xx, 5. Voir Leblant, Inscr. chrét. de la Gaule, II, p. 81 et suiv.