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le plus frappant est celui des « liseurs » suédois[1], vers 1841-1843. Des paroles involontaires, dénuées de sens pour ceux qui les prononçaient, et accompagnées de convulsions et d’évanouissements, furent longtemps un exercice journalier dans cette petite secte. Cela devint tout à fait contagieux, et un assez grand mouvement populaire s’y rattacha. Chez les irvingiens, le phénomène des langues s’est produit avec des traits qui reproduisent de la manière la plus frappante les récits des Actes et de saint Paul[2]. Notre siècle a vu des scènes d’illusion du même genre qu’on ne rappellera pas ici ; car il est toujours injuste de comparer la crédulité inséparable d’un grand mouvement religieux à la crédulité qui n’a pour cause que la platitude d’esprit.

Ces phénomènes étranges transpiraient parfois au dehors. Des extatiques, au moment même où ils étaient en proie à leurs illuminations bizarres, osaient sortir et se montrer à la foule. On les prenait pour des gens

  1. Karl Hase, Hist. de l’Église, § 439 et 458, 5 ; le journal protestant l’Espérance, ler avril 1847.
  2. M. Hohl, Bruchstücke aus dem Leben und den Schriften Ed. Irving’s (Saint-Gall, 1839), p. 145, 149 et suiv.; Karl Hase, Hist. de l’Égl., § 458, 4. — Pour les Mormons, voir Remy, Voyage, I, p. 176-177, note ; 259-260 ; II, p. 55 et suiv. — Pour les convulsionnaires de Saint-Médard, voir surtout Carré de Montgeron, la Vérité sur les miracles, etc. (Paris, 1737-1741), II, p. 18, 19, 49, 54, 55, 63, 64, 80, etc.