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plusieurs prophètes, avant leur mission, avaient été bègues[1] ; que l’ange de Dieu avait promené sur leurs lèvres un charbon qui les purifiait et leur conférait le don de l’éloquence[2]. Dans la prédication, l’homme était censé ne point parler de lui-même[3]. Sa langue était considérée comme l’organe de la Divinité qui l’inspirait. Ces langues de feu parurent un symbole frappant. On fut convaincu que Dieu avait voulu signifier ainsi qu’il versait sur les apôtres ses dons les plus précieux d’éloquence et d’inspiration. Mais on ne s’arrêta point là. Jérusalem était, comme la plupart des grandes villes de l’Orient, une ville très-polyglotte. La diversité des langues était une des difficultés qu’on y trouvait pour une propagande d’un caractère universel. Une des choses, d’ailleurs, qui effrayaient le plus les apôtres, au début d’une prédication destinée à embrasser le monde, était le nombre des langues qu’on y parlait ; ils se demandaient sans cesse comment ils apprendraient tant de dialectes. « Le don des langues » devint de la sorte un privilège merveilleux. On crut la prédication de l’Évangile affranchie de l’obstacle que créait la diversité des idiomes. On se figura que, dans quelques circonstances solen-

  1. Exode, iv, 10 ; comp. Jérémie, i, 6.
  2. Isaïe, vi, 5 et suiv. ; comp. Jérém., i, 9.
  3. Luc, xi, 12 ; Jean, xiv, 26.