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de Jacques », mentionnée par saint Paul[1]. Jacques était frère ou du moins parent de Jésus. On ne voit pas qu’il ait accompagné Jésus lors de son dernier séjour à Jérusalem. Il y vint probablement avec les apôtres, lorsque ceux-ci quittèrent la Galilée. Tous les grands apôtres avaient eu leur vision ; il était difficile que ce « frère du Seigneur » n’eût pas la sienne. Ce fut, ce semble, une vision eucharistique, c’est-à-dire où Jésus apparut prenant et rompant le pain[2]. Plus tard, les parties de la famille chrétienne qui se rattachèrent à Jacques, ceux qu’on appela les hébreux, transportèrent cette vision au jour même de la résurrection, et voulurent qu’elle eût été la première de toutes[3].

Il est très-remarquable, en effet, que la famille de Jésus, dont quelques membres, durant sa vie, avaient été incrédules et hostiles à sa mission[4], fait maintenant partie de l’Église et y tient une place très-élevée.

  1. I Cor., xv, 7. On ne peut expliquer le silence des quatre Évangiles canoniques sur cette vision qu’en la rapportant à une époque placée en deçà du cadre de leur récit. L’ordre chronologique des visions, sur lequel saint Paul insiste avec tant de précision, conduit au même résultat.
  2. Évang. des hébreux, cité par saint Jérôme, De viris illustribus, 2. Comparez Luc, xxiv, 41-43.
  3. Évang. des hébreux, loc. cit.
  4. Jean, vii, 5.