Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il est probable qu’une fraction de la petite école qui entourait Jésus dans ses derniers jours était restée à Jérusalem. Au moment de la séparation, la croyance à la résurrection était déjà établie. Cette croyance se développa ainsi des deux côtés avec une physionomie sensiblement différente, et telle est sans doute la cause des divergences complètes qui se remarquent dans les récits des apparitions. Deux traditions, l’une galiléenne, l’autre hiérosolymite, s’étaient formées ; d’après la première, toutes les apparitions (sauf celles du premier moment) avaient eu lieu en Galilée ; d’après la seconde, toutes avaient eu lieu à Jérusalem[1]. L’accord des deux fractions de la petite Église sur le dogme fondamental ne fit naturellement que confirmer la croyance commune. On s’embrassa dans la même foi ; on se redit avec effusion : « Il est ressuscité ! » Peut-être la joie et l’enthousiasme qui furent la conséquence de cette rencontre amenèrent-ils quelques autres visions. C’est vers ce temps qu’on peut placer « la vision

  1. Matthieu est exclusivement galiléen ; Luc et le second Marc, xvi, 9-20, sont exclusivement hiérosolymites. Jean réunit les deux traditions. Paul (I Cor., xv, 5-8) admet aussi des visions arrivées sur des points très-éloignés. Il est possible que la vision « des cinq cents frères » de Paul, que nous avons identifiée par conjecture avec celle « de la montagne de Galilée » de Matthieu, soit une vision hiérosolymite.