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vraisemblance que le retour dont il s’agit eut lieu à la fête des Tabernacles de la fin de l’an 33 ou à la Pâque de l’an 34.

La Galilée fut ainsi abandonnée par le christianisme, et abandonnée pour toujours. La petite Église qui y resta vécut encore sans doute ; mais on n’entend plus parler d’elle. Elle fut probablement écrasée, comme tout le reste, par l’effroyable désastre que subit le pays lors de la guerre de Vespasien ; les débris de la communauté dispersée se réfugièrent au delà du Jourdain. Après la guerre, ce ne fut pas le christianisme qui se reporta en Galilée ; ce fut le judaïsme. Au iie, au iiie, au ive siècle, la Galilée est un pays tout juif, le centre du judaïsme, le pays du Talmud[1]. La Galilée ne compta ainsi que pour une heure dans l’histoire du christianisme ; mais ce fut l’heure sainte par excellence ; elle donna à la religion nouvelle ce qui l’a fait durer, sa poésie, son charme pénétrant. « L’Évangile », à la façon des synoptiques, fut une œuvre galiléenne. Or, nous essayerons de montrer plus tard que « l’Évangile », ainsi entendu, a été la cause principale du succès du christianisme et reste la plus sûre garantie de son avenir.

  1. Sur le nom de « Galiléens » donné aux chrétiens, voir ci-dessous, p. 235, note 4.