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Il est permis de supposer aussi que la disparition du corps fut le fait des Juifs. Peut-être crurent-ils par là prévenir les scènes tumultueuses qui pouvaient se produire sur le cadavre d’un homme aussi populaire que Jésus. Peut-être voulurent-ils empêcher qu’on ne lui fît des funérailles bruyantes ou qu’on n’élevât un tombeau à ce juste. Enfin, qui sait si la disparition du cadavre ne fut pas le fait du propriétaire du jardin ou du jardinier[1] ? Ce propriétaire, selon toutes les vraisemblances[2], était étranger à la secte. On choisit son caveau parce qu’il était le plus voisin du Golgotha et parce qu’on était pressé[3]. Peut-être fut-il mécontent de cette prise de possession, et fit-il enlever le cadavre. À vrai dire, les détails, rapportés par le quatrième Évangile, des linceuls laissés dans le caveau, et du suaire plié soigneusement à part dans un coin[4], ne s’accordent guère avec une telle hypothèse. Cette dernière circonstance ferait supposer qu’une main de femme s’était glissée là[5]. Les

    6 mai 1857), plaidoiries de MM. Jules Favre et Bethmont, etc., recueillies par J. Sabbatier (Grenoble, Vellot, 1857).

  1. Jean, xx, 15, renfermerait-il une lueur de ceci ?
  2. Voir ci-dessus, p. 7-8.
  3. Jean le dit expressément, xix, 41-42.
  4. Jean, xx, 6-7.
  5. On songe involontairement à Marie de Béthanie, qui, en effet, n’a pas de rôle indiqué le dimanche matin. Voir Vie de Jésus, p. 341 et suiv. ; 359 et suiv.